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Le pavillon du cinéma
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1 juillet 2007

Persépolis

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Synopsis

Téhéran, 1978. Marjane est une petite fille de huit ans dont la vocation aussi simple qu'ambitieuse est de devenir le prochain et dernier prophète. Fan inconditionnel de Bruce Lee, elle a un tempérament fort et est choyée par toute sa famille.

Tout le film est un immense flash back de sa vie jusqu’à ce qu’elle arrive à Paris en 1992, passant par son enfance au milieu de la guerre civile et ses échauffourées avec ces professeurs qui l’obligeront à quitter l’Iran pour aller à Vienne avant de terminer par son retour dans le pays natal.

Bande Annonce

Mémoires de Persépolis

Ce film, réalisé par Marjane Satrapi, est une adaptation de la bande dessinée du même nom écrite par cette même personne, créant deux autobiographies dans deux styles différents. Non seulement cette adaptation avait tous les moyens d’être profondément humaine, mais en plus l’auteur-narrateur-personnage principal a réussi à faire un film d’une très grande qualité, par son témoignage poignant, drôle et moralisateur sans être excessif.

Ainsi, on parcourt l’histoire et l’évolution du régime politique iranien à travers le XXème siècle. Tout commence par la prise du pouvoir par Reza Khan, dont l’ambition de faire de la Perse une république moderne sera altéré par la proposition des anglais de créer un empire ayant des accords économiques avec la Grande Bretagne. Puis, lors de la succession du fils de Reza Khan, ce dernier, le Chah, exerce une dictature violente amenant à une révolution et la chute du régime au profit de la République islamique marquant le début des "commissaires de la révolution" qui contrôlent tenues et comportements. Suit la guerre contre l'Irak entraînant bombardements, privations, et disparitions de proches. La répression intérieure devient chaque jour plus sévère.

C’est à partir de ce moment que Marjane, âgée de quatorze ans, avec sa langue trop pendue, va devoir quitter son pays pour aller à Vienne, où elle vivra une deuxième révolution :  l'adolescence, la liberté, les vertiges de l'amour mais aussi l'exil, la solitude et la différence.

L’adolescente, bientôt jeune femme, va alors se sentir exclue de ces deux mondes : d’un côté, Vienne avec lequel elle n’a pas de point commun, elle ne partage pas la culture et se sent isolée à cause de ses origines ; de l’autre, l’Iran, où les gens qu’elle connaît souffre et ont connu une guerre qu’elle a fuit. Entre les fêtes secrètes, l’Université où l’anatomie est étudiée de façon étrange, le machisme, Marjane ne va plus avoir d’équilibre, va connaître la dépression et trouvera le réconfort auprès de son futur mari. Seule sa grand-mère et ses parents resteront pour l’épauler, même lors d’un mariage décidé précipitement et qui va la convaincre de partir de son pays pour toujours, pour aller en France.

Un long flash back dont le but est de montrer, sans être forcément moralisateur, l’absurdité et l’égoïsme de certains hommes qui a conduit à une succession de régimes répressifs et contradictoire, créant un déséquilibre permanent pour ces habitants, et principalement Marjane.

Une distanciation s’opère, telle une autobiographie, lorsque certains évènements sont racontés comme la prise du pouvoir par Reza Khan, avec l’ouverture d’un petit théâtre et un esthétisme accru. Aussi, le fait que ce soit différents personnages qui les racontent, et non pas le narrateur, comme l’oncle, montre clairement que le point de vue sera forcément subjectif, et donc qu’il ne faut pas pour autant s’y fier, même si une part de vérité éclate toujours au travers de ces histoires. C’est donc au spectateur de se forger sa propre opinion, d’utiliser sa réflexion pour trouver l’absurdité de tous les régimes qui se sont succédés.

On trouve aussi dans ce film l’incompréhension des gens qui ont connu la guerre, qu’on voit parfaitement lorsqu’elle est à Vienne et qu’elle s’énerve contre l’un de ces amis dont la pensée est proche du théâtre de l’Absurde et qui pense que la vie n’est rien.

Mais au lieu de nous donner un film assez pesant ne pensant qu’à dénoncer la politique qui aura été menée en Iran, Marjane Satrapi introduit une bonne touche d’humour ravageur, criant de vérité, et autour de sa petite vie de fortune. Ainsi, le fait qu’elle aime Bruce Lee, sa passion pour les Bee Gees suivie par Iron Maiden, ses amours foireux, le langage vulgaire de l’héroïne, Karl Marx apparaissant aux côtés de Dieu, les films de Godzilla et Terminator et surtout le passage déjà culte où elle chante The Eyes of the Tiger avec un accent déplorable rappelant un candidat d’American Pop Idol, font que le film possède deux niveau, l’un sous forme de Mémoires, l’autre sous forme d’autobiographie, plus léger et par forcément déplaisant.

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Marjane toute petite et déjà très énergique contre le Chah, entourée par sa grand mère et ses parents.

Notons au passage que le titre fait référence fut la capitale de l’Empire Perse Achéménide, montrant l’attachement de la réalisatrice pour son pays, comme le moment où elle s’énerve sur deux viennoises se moquant de ces origines.

Un esthétisme sublime apparaît dans ce subtil mélange de couleur pour le présent et le noir et blanc donnant ces limites au Flash Back. Notons que même si l’utilisation des couleurs se rapproche de Sin City, les deux esthétismes n’ont aucun point commun puisque l’un accentue la violence et l’autre renforce l’émotion, comparaison déjà vu avec le Canada Dry : ça en a la couleur mais ça n’a pas le même goût. Un dessin très beau, différents paysages se rapprochant de l’univers Burtonien (surtout certains arbres), des silhouettes jaillissantes par moment, tout a été soigné pour que l’émotion soit encore plus palpable. Une réussite à tous les niveaux de ce côté, les personnages sont finalement très faciles à reconnaître malgré ce que l’on pouvait penser.

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Marjane adulte au premier plan et derrière son arrivée à Vienne.

Bref, ce film est une réussite de tous points de vue, une histoire poignante car vraie, une morale qu’on devra nous même se faire, un dessin audacieux, une touche d’humour bienvenu. A voir au cinéma et à acheter en DVD (quand il sortira bien sûr)

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Commentaires
J
Superbe film ! touchant, parfois drôle, réaliste et pudique.un grand bonus pour la grand mère qui est un personnage de femmes génial !
D
J'ai vu le film avant de lire les 4 volumes en 1 de Persepolis. J'ai autant aimé l'un que l'autre. Je donne une préférence au film car certains personnages comme celui de la grand-mère sont plus étoffés et puis l'animation est magnifique.
R
Ca c'est un bon, film, un vrai, comme on en fait de moins en moins.<br /> Une histoire touchante, à la fois simple et compliquée, teintée d'une pointe d'humour et de dérision, un graphisme pas exceptionnel, mais suffisant, une bande-son sympathique, cela vous donne un film énorme. L'histoire m'a énormément plu. J'ai été voir le film la dernière semaine avant sa sortie des salles, et j'étais le seul dans la salle. Tranquilité ^^. Le pop-corn, la salle à moi tout seul, les pieds sur le siège de devant, devant un film exceptionnel, comment faire mieux (à part la moitié du pop-corn qui s'est renversé à terre =___=) ?<br /> Mon film préféré avec Orange Mécanique, regardez et vous comprendrez.
G
excellent film, je l'ai vu hier j'ai passé un excellent moment
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