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Le pavillon du cinéma
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4 février 2007

Casino Royal

casino_royal

Le dernier James Bond était bien évidement doublé d’une impressionnante campagne de promotion. Buzz Internet sur la blondeur du nouvel acteur, puis discours sur le renouveau total de la franchise permise par cet opus à l’appuis, personne n’ignore que Casino Royal constitue l’adaptation du premier roman et par la une sorte de genèse du mythe à moins de prôner une forme d’isolement ascétique particulièrement restreinte.

Mais qu’en est-il vraiment ? Qui est le nouvel/ancien James Bond ? Que fait-il de sa vie ? Il vote pour qui en 2007 et il est pour ou contre les tentes Quechua ?

Et surtout, est-ce que ça valait le coup de nous bourrer le mou avec un retour aux sources auto-proclamé ?

Le spitch :

Le Chiffre est le nom de code du grand banquier du terrorisme. Celui-ci est acculé : il a perdu l’argent de la pègre, et pour se refaire, organise une gigantesque partie de Poker aux mises faramineuses dont il compte bien sortir vainqueur. Mais les services secrets britanniques, jamais à cour d’idée, recrute un jeune agent, qui, certes, les embarrasse par ses gaffes, mais se  trouve être un excellent joueur de poker. Et la piquante Vesper Lynd, envoyée du trésor pour veiller sur la mise de l’état, se voit donc escortée par une force tranquille d’1m90, 95 kilos, répondant parfois, si on l’appel suffisamment fort,  au nom de James Bond et depuis peu au matricule 007.

Et dont la tête est réclamée par tous le Royaume-Uni pour un double meurtre au milieux d’une ambassade…

Little James in slumberland

Le filme est introduit par une séquence  en noir et blanc ou James bond obtient son permit de tuer, et qui résume assez bien l’argument du filme. Pour devenir ce que nous sommes, nous devons passer par des épreuves. Et plus nous avons le caractère qui se forge, plus nous avons passé d’épreuves. Bond étant une vrai caricature, il en a bavé sévère afin de se dégrossir, et nous allons voir comment. 

Première nouvelle de la grande trompette marketing: le nouveau James, c’est le vrai, l’authentique, le retour aux origines. Un genre de produit du terroir qui fleure bon la vie champêtre. Méfiez-vous des contrefaçons, surtout brunes et velues des pectoraux. Daniel Graig (à ne pas confondre avec Greg David, chanteur de R&B sucré) incarne parfaitement cette nouvelle image, avec ses yeux bleus comme un emballage de yaourt, ses cheveux couleur beurre frais et sa musculature de taureaux de concours agricole. On ne sait pas ce qu’il bouffe, mais ça doit être protéique.

Le nouveau Bond, on l’a comprit est brut de décoffrage. Pas seulement physiquement, d’ailleurs mais aussi dans sa technique. Attention, au mâle, il mord et Pierce Brosnan passe pour une grande folle habituée du Queen à coté de ce nouvel exemplaire. Le meilleur exemple en est bien sur la stupéfiante poursuite à pied.   Face à un marchand d’arme d’une agilité époustouflante, qui louvoie avec grâce dans un décor urbain, l’anglais adopte la technique dite « du bulldozer » au sens propre, et rase à peu près tout. Quand l’autre escalade, saute, évite les obstacle, et se réceptionne tout en finesse, le poursuivant préfère démolir le chantier pour se trouver un ascenseur, casse un mur et se ramasse, se prend des pains, se mange des poutres, reçoit des gnons, des pêches, des prunes mettez moi tous le compotier, voilà merci.

Et oui, le Bond Junior il a pas la classe. Et même, il loose sévère, surtout face à un adversaire qui se déplace avec tant de classe.

Le Bond des débuts est donc une brute épaisse qui clôture la poursuite en mettant une ambassade à feu et à sang… sous le nez d’une caméra.

CasinoRoyal_14

I believe, I can flyyy

Pour l’heure, il n’est qu’un jeune agent, un chien fou incontrôlable et ce n’est pas souligné uniquement par sa blondeur juvénile. L’actrice Judy Dench, vestige de la bande à Brosnan, signe ici un rôle en M comme « maman ». Elle a toujours dû faire la moral à son subalterne, mais ça m’a particulièrement frappé dans cet opus ce petit coté « Les femmes passent mais je reste fidèle à Mum et à l’Angleterre ». Il est inexpérimenté, irresponsable et tête brûlée, et les dialogues qu’il échange avec elle semblent ceux d’un ado avec sa mère.

Toujours pas classe, donc. En fait, il est inutile d’aller la chercher nul part, la classe. Oui il n’est pas stupide, il est efficace et il porte bien le costard, mais c’est sans subtilité et en tombant dans tous les pièges de l’adversaire.

Et c’est ça le renouveau Bondien. Un résidu de la guerre froide qui s’en prend vraiment plein la tronche, un mec qui devient vulnérable et tombe amoureux, un Don Juan qui se fait broyer les testicules ( un peu plus à droite), un stratège qui trouve plus fin, un invincible qui se fait sauver la vie par sa copine. On ne l’aurait pas cru.

GoldenCard et Matsermind

Bien sûr, il y a les paillettes, des moments de pur fan service. Facilement ludique, de la poudre à faire se pâmer les fans, un peu comme l’asthme de dark vador. On pourrait citer l’acquisition de l’Aston Martin, la recette de la vodka martini où la bataille finale apocalyptique (Vous connaissez la sauvegarde du patrimoine historique ? Ben lui, curieusement, non). Mais le nouveau concept de ce Bond est justement qu’il est mal dégrossi, plus brutal, et en même temps plus humain. Comme si avant de devenir le résident semi permanent d’une sorte de paradis moderne, peuplé des plus belles femmes, des voitures les plus chères, des hôtels les plus luxueux donnant sur les plages les plus idylliques, il fallait gagner son ticket d’entrée avec les dents dans le purgatoire de la lutte contre les forces du mal. Celles des autres, et les siennes. Intérieures. Parc que si JB (tu permet que je t’appel JB ?) va continuer à chacune de ses aventures de faire du tire à la carabine au stand « crime organisé et fous dangereux mégalomanes », l’idée c’est quand est que c’est cet opus qui le coule dans le moule de l’insensible tombeur porte-flingue que l’on connaît. Donc, bah, il doit souffrir plus que d’habitude.

AstonMartinDB5

Et T’oses me faire le coup de la panne ?

Au Service (du) Publique

Bond est donc plus intéressant que d’habitude, et en plus escorté de personnages attachants. Vesper Lynd réussie à ne pas tomber dans les écueils habituels des James bond Girls. Ce n’est pas Barbie Sunset Boulevard, ni Action Women Mission Secrète, mais un vrai personnage avec des émotions.

Le Chiffre signe également une partition attendrissante de méchant pathétique, agité de tics, pleurant du sang, malingre et harcelé par ses créanciers.

L’ensemble reste emballé dans le bolduc habituel, trahisons, cascades, effets spéciaux nickels, (heureusement parc qu’on est devenus blasés). Un renouveau totale, donc ? Pas vraiment. Mais l’ensemble convainc, la partie de poker est étonnamment haletante, on ressorts ébouriffés d’avoir tant couru dans des chantiers, et surpris par la scène de la douche qui était tout à fait impensable auparavant.

Un grand spectacle bien divertissant.On regrettera juste que la promotion, comme d'habitude, vous raconte tout le filme...  Avec en bonus un générique de début coloré et très sophistiqué. Dommage qu’on soit loin, musicalement, de « Live and let die ».

03look

Grosses boots et pas de chichis : JB est joignable à tout moment pour venir déboucher la fosse sceptique.

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Commentaires
S
pas grand chose à rajouter, sinon que oui, ce Bond m'a vraiment enthousiasmé, pour toutes les raisons évoquées, simplement parce que je ne l'attendais pas là. C'est quand même le Bond où le héros porte le mieux son surnom de Double Zéro, sorte d'élévation au carré de la loose, redoublement du Néant. Et pourtant il triomphe, perd toutes les batailles, essuie échec sur échec (physique, politique, moral, sentimental, narcissique, etc.), mais reste le seul debout à la fin. Comme malgré lui.<br /> <br /> Etque dire des codes bondiens qui se trouvent spit niés (gadgets), soit parodiés (martini), soit métamorphosés (james bond girl). Le début du film m'a franchement sidéré. L'acquisition du titre de 007 est incroyable de part la difficulté à tuer (ça se passe dans des chiottes quand même!), le générique est très très joli (mais c'est vrai que la musique est trop soupe qu'on oublie immédiatement en sortant), et la poursuite est comme tu a décris: la présentation de comment va fonctionner le héros, son impuissance et sa hargne.<br /> <br /> La mise en scène du film se révèle d'ailleurs beaucoup plus sophisitiquée que ce à quoi on pouvait s'attendre. Tous les lieu, si stéréotypiques dans les James Bond, sont conservés tels quels mais deviennent comme sursignifiants, et au lieu de parler du héros parlent du film, se chargent d'une dimension réflexive. Le film débute par un chantier, et s'achève par un effondrement, un engloutissement. Le cadre qu'ils offrent avant d'être celui de l'action est celui de l'intrigue, voire même de la série elle-même refondue à l'occasion.<br /> <br /> Enfin, j'ai également beaucoup aimé ce méchant, ne serait-ce parce qu'il ne combat pas physiquement, parce que l'affrontement est psychologique, voire affectif. Et surtout parce que cette lutte a eu pour cadre une partie de poker qui doit occuper un bon quart/tiers du film. Ca c'est vraiment une trouvaille, cette volonté de pousser la logique déceptive jusqu'au bout. Jusqu'au terme du film après tout puisque'il s'achève exactement là où les autres, les précédents Bond auraient été tenté de commencer. Comme si tout le film n'avait été qu'un de ces prégénériques terriblement étendu, bouffant toute la durée et relègant l'action attendue hors cadre, hors séance. Une pure projection, devant le rester, et demeurer en dehors de la projection cinématographique.<br /> <br /> méchant et ça s'arrête là où les autres commencent
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